Inhibiteurs de la pompe à protons : la HAS rappelle le bon usage
Dans un contexte d’usage massif et de mésusage important des inhibiteurs de la pompe à proton (IPP), la Haute Autorité de santé (HAS) édite une fiche sur leur bon usage. Rappel des messages clés à travers deux cas de figures.
Les faits
La Haute Autorité de santé publie une fiche sur le bon usage des IPP prescrits dans les cas de :
- la prévention de l’ulcère gastroduodénal (UGD) ;
- le reflux gastroœsophagien (RGO).
La HAS en profite pour rappeler que le renouvellement ou l’instauration du traitement par IPP n’est pas toujours pertinent.
Ce qu’il faut en retenir
1. En prévention de l’ulcère gastroduodénal
- La coprescription d’IPP et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en prévention n’a d’intérêt qu’en présence de facteurs de risque et n’est justifiée que :
- pour les personnes âgées de 65 ans et plus ;
- dans le cas d’antécédents d’ulcère gastrique ou duodénal ;
- en association à un antiagrégant plaquettaire (notamment l’aspirine à faible dose et le clopidogrel) et/ou un corticoïde et/ou un anticoagulant.
- Les IPP doivent être interrompus lors de l’arrêt du traitement par AINS.
- Ils sont inutiles pour prévenir les complications digestives des antiagrégants plaquettaires/anticoagulants (sans AINS) chez les patients ayant un faible risque de complication.
2. En cas de reflux gastroœsophagien
- Le traitement de quatre semaines maximum doit être instauré uniquement en cas de pyrosis, brûlures gastriques post-prandiales ou régurgitations acides.
- Chez l’adulte, l’intérêt des IPP n’est pas justifié :
- en cas de « pyrosis fonctionnel » ;
- pour le soulagement de manifestations extradigestives isolées.
- Chez les nourrissons : la prescription d’un IPP doit être réservée aux nourrissons âgés de plus de 1 mois et aux enfants ayant un RGO persistant et gênant, s’accompagnant de complications ou survenant sur un terrain particulier, si possible après avis spécialisé.
En instauration ou en renouvellement
- Un traitement au long cours par IPP est très rarement justifié. Il expose à un risque iatrogénique lié à la polymédication, en particulier chez les sujets âgés.
- Toute prescription d’un IPP doit faire l’objet d’une réévaluation de son intérêt.
- La prise en charge au long cours dépend de l’étiologie et de l’évolution de la symptomatologie.
- Le caractère chronique de la maladie peut justifier des traitements prolongés.
- La HAS a élaboré un arbre de déprescription des IPP en cas de RGO chez l’adulte disponible en troisième page de la fiche pratique.
En pratique pour le pharmacien
Le conseil pharmaceutique est important pour prendre en compte :
- les interactions médicamenteuses ;
- les effets indésirables ;
- la justification d’un traitement prolongé en l’absence d’avis médical.
Il est indispensable de se coordonner avec le prescripteur et d’informer le patient pour obtenir son adhésion lors de l’arrêt des IPP.
Pour rappel : bien que ces molécules puissent être dispensées à doses exonérées pour cette seule indication de traitement des symptômes de RGO chez l’adulte, les IPP sont des substances vénéneuses relevant de liste II. Elles ne sont donc pas dénuées de risque, surtout en cas d’usage au long cours sans justification ni contrôle médical. Le pharmacien a un devoir particulier de conseil lors de leur dispensation dans le respect de leur AMM.