Rôle du pharmacien

L’éducation pour la santé est une obligation déontologique pour le pharmacien. L’article R. 4235-2 du Code de la santé publique précise en effet que le pharmacien "doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale".

L’article L. 5125-1-1 A du Code de la santé publique définit les missions des pharmaciens d’officine. Il mentionne notamment que ces derniers :

- contribuent aux soins de premier recours (parmi lesquels l’éducation pour la santé, la prévention et le dépistage),

- peuvent effectuer certaines vaccinations, dont la liste est fixée par arrêté ministériel,

- peuvent participer à l’éducation thérapeutique et aux actions d’accompagnement de patients.

En outre, le décret n°2018-841 du 3 octobre 2018 précise les conseils et les prestations pouvant être proposés par les pharmaciens officinaux dans le but de favoriser l'amélioration ou le maintien de l'état de santé des personnes, dont :

- la mise en place d’actions de prévention et de promotion de la santé parmi les domaines d'action prioritaires de la stratégie nationale de santé,

- la participation au dépistage des maladies infectieuses et non transmissibles,

- la réalisation d’actions de suivi et d'accompagnement pharmaceutique.

Dans le cadre de la convention nationale pharmaceutique, les pharmaciens d’officine peuvent accompagner les patients sous anticoagulants oraux, les patients asthmatiques traités par corticoïdes inhalés, les personnes âgées polymédiquées ainsi que les patients sous anticancéreux oraux. Cet accompagnement s’effectue sous la forme d’entretiens pharmaceutiques formalisés (modalités pratiques de mise en œuvre détaillées sur le site www.ameli.fr). 

Les pharmaciens disposent de nombreux atouts...

...pour intervenir dans l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique du patient : 

  • leur proximité géographique (plus de 22 000 pharmacies sur l’ensemble du territoire) ;
  • leur accessibilité et leur disponibilité sur de longues plages horaires ;
  • leurs contacts fréquents avec le public : 4 millions de personnes franchissent chaque jour les portes des officines ;
  • leur connaissance globale du patient (contexte familial et socioprofessionnel, contact avec l’entourage, historique médicamenteux…) ;
  • une relation de confiance instaurée avec le patient ;
  • leur crédibilité auprès du public en tant que professionnel de santé ;
  • leur formation à la fois scientifique et professionnelle.

 

... dans le cadre de l’éducation pour la santé et de l’éducation thérapeutique du patient, en particulier :

Le pharmacien a un rôle important à jouer dans l’information, la prévention et le dépistage des maladies. Il peut s’y impliquer notamment en : 

  • participant aux campagnes de sensibilisation et d’information sur des sujets de santé publique ;
  • transmettant des informations scientifiquement validées sur les moyens de prévention, les maladies… avec le souci de délivrer un message adapté et accessible au public. La remise personnalisée de brochures d’information peut être très utile pour appuyer les messages ;
  • relayant les campagnes de dépistage des pathologies ;
  • participant au dépistage de certaines maladies, notamment via la réalisation des tests rapides d’orientation diagnostique autorisés à l’officine (listés dans l’arrêté du 1er août 2016). A titre dérogatoire, dans le cadre de la crise sanitaire, le pharmacien peut réaliser des tests antigéniques nasopharyngés pour la détection du virus SARS-Cov 2 (arrêté du1er juin 2021). Le pharmacien officinal peut également remettre un kit de dépistage du cancer colorectal aux femmes et aux hommes âgés de 50 à 74 ans asymptomatiques et sans facteur de risque particulier, après en avoir contrôlé l’éligibilité et sous réserve d’avoir suivi une formation ​​​​​​ ​​​​​​(arrêté du 1er avril 2022) ;
  • repérant les personnes à risque et les orientant vers une consultation médicale.

Pour adhérer à la proposition de traitement, le patient doit comprendre les mécanismes de sa maladie, l’action de ses médicaments, les bénéfices escomptés et les effets indésirables potentiels. Le contenu des informations doit être adapté pour répondre au besoin d’information du patient : il convient d’évaluer au préalable ce que le patient sait au sujet de sa maladie et de son traitement en vue de renforcer ou rectifier les données comprises par le patient. L’utilisation de différents outils (schéma, brochure d’information ou explicative, notice…) peut s’avérer utile pour faciliter la compréhension. Il est important de s’assurer de cette dernière en demandant au patient de reformuler ce qu’il a retenu des informations transmises.

Lors de la dispensation, le pharmacien s’attachera notamment à :

  • expliquer les modalités de prise des médicaments et vérifier la bonne compréhension du schéma de prise ;
     
  • apprendre au patient les techniques particulières d’administration de certains médicaments (inhalation, injection…). [Voir paragraphe suivant] ;
     
  • pour les maladies chroniques longtemps asymptomatiques (HTA, diabète de type 2, dyslipidémie, glaucome à angle ouvert…) : insister sur la nécessité d’une prise régulière des traitements, même en l'absence de symptômes ;
     
  • sensibiliser le patient aux risques d'une prise médicamenteuse en l'absence de conseil pharmaceutique ou médical ;
     
  • apprendre au patient à "gérer" les effets indésirables de son traitement : l'éduquer à la reconnaissance des effets indésirables, l'informer sur les moyens de limiter leur risque de survenue, lui expliquer la conduite à tenir s’ils apparaissent et s’assurer enfin de la bonne compréhension de ces informations ;
     
  • faciliter l’organisation pratique de la prise des médicaments : élaborer avec le patient un plan thérapeutique personnalisé clair et détaillé (opérationnel) en intégrant au mieux ses contraintes et ses habitudes de vie, aider le patient à adapter ses prises de médicament(s) dans des situations particulières (décalage horaire, oubli de prise…).

 
NB : le conseil, la dispensation et la vente de supports d’information relatifs au bon usage du médicament sont par ailleurs autorisés par l’arrêté du 24 avril 2001 modifiant l’arrêté du 19 mars 1990 (art. L5125-24 du CSP et arrêté du 15/02/2002 modifié

Il est essentiel d’apprendre aux patients à utiliser correctement les traitements nécessitant une technique d’administration particulière (instillation d’un collyre, inhalation d’anti-asthmatique, auto-injections…). Plus qu’un long discours, une démonstration suivie d'une mise en pratique par le patient sont souhaitables pour assurer un apprentissage efficace des bons gestes. L’apprentissage technique n’étant pas acquis une fois pour toutes, le pharmacien proposera régulièrement aux patients de vérifier les modes de prise des médicaments. Il s’agit de maintenir et renforcer les compétences techniques des patients.

Le pharmacien peut jouer un rôle important dans l’apprentissage de l’autosurveillance de la maladie et de ses traitements, notamment :

  • éduquer le patient à l’automesure : la délivrance d’un dispositif d’autosurveillance (lecteur de glycémie, auto-tensiomètre, débitmètre de pointe…) devra systématiquement s’accompagner d’une information pédagogique complète sur l’utilisation pratique de l’appareil, la fréquence et les conditions de la mesure. Demander au patient de réaliser lui-même une automesure, sous la guidance du pharmacien, permettra un apprentissage efficace de la technique.
  • éduquer le patient à la reconnaissance des signes d’alerte : pour leur sécurité, les patients doivent pouvoir reconnaître les signes d’alerte (signes évocateurs d’un mauvais contrôle de la maladie, d’un effet indésirable "majeur" de médicament…) justifiant une consultation rapide.

Du fait de son accessibilité, de la fréquence des contacts et de la bonne connaissance des patients et de leur environnement, le pharmacien occupe une place privilégiée pour les accompagner dès l’annonce d'un diagnostic, au moment de la mise en route des traitements et tout au long de leur prise en charge. Il représente un soutien pour le patient (et ses proches), en particulier en cas de difficultés liées aux traitements, de survenue d’une complication ou d’un événement majeur intervenant dans la vie du patient, de baisse de motivation ou de confiance en soi ou envers les propositions de soins envisagées.

Il s’agit notamment de :

  • encourager le patient à exprimer ses inquiétudes, ses éventuels doutes et/ou difficultés en lien avec la maladie et son traitement, sans les minimiser ; 
  • être disponible et à l'écoute, sans jugement ;
  • faire preuve d’empathie ;
  • porter de l’intérêt au patient, sans ingérence ;
  • valoriser tous les efforts réalisés par le patient, même minimes ;
  • l'orienter si besoin vers une association de patients et/ou une structure d’éducation thérapeutique.

 

Pour mettre en œuvre l’éducation thérapeutique du patient (ETP), il est important de se former en vue d’acquérir notamment les compétences relationnelles, pédagogiques et méthodologiques requises. 

L’acquisition des compétences nécessaires pour dispenser ou coordonner l'ETP requiert une formation d’une durée minimale de quarante heures d’enseignements théoriques et pratiques (Arrêté du 2 août 2010 modifié par les arrêtés du 14 janvier 2015 et du 31 mai 2013).

Il existe différentes formations en ETP selon le niveau de compétences que l’on souhaite acquérir et mobiliser dans sa pratique. Citons à titre indicatif (non exhaustif) :

les formations universitaires (DU, DIU et masters) ;

- les formations de DPC en ETP (consultables sur le site de l’Agence nationale du Développement Professionnel Continu).  

Les pharmaciens sont invités à se rapprocher de leur ARS pour connaître les formations validantes en ETP proposées dans leur région.