Antibiotiques : bilan chiffré et programme d'actions

16/12/2016

L'antibiorésistance confronte de plus en plus souvent les praticiens à des impasses thérapeutiques. Point sur l'évolution des consommations d'antibiotiques et des résistances bactériennes depuis 10 ans, et lancement d'un programme interministériel pour la maîtrise de l'antibiorésistance.

Antibioresistance - point novembre 2016 ANSP, ANSM, Anses

158 000. Il s'agit du nombre d'infections à bactéries multirésistantes estimé en France pour l'année 2012 (données Santé publique France), avec pour conséquence 12 000 décès.

Pour la première fois, Santé publique France, l'ANSM* et l'Anses** présentent de façon commune les chiffres d'évolution de la consommation d'antibiotiques et de l'antibiorésistance sur les 10 dernières années (2005-2015).

 

En santé humaine, 93 % des antibiotiques sont consommés en ville et 7 % en établissements de santé. Cette consommation reste élevée en France (3e rang européen des pays les plus consommateurs) et a connu une augmentation, en ville, au cours de la dernière décennie. Elle est toutefois restée stable dans les établissements de santé (ES) depuis 2005.

Les antibiotiques les plus utilisés sont les pénicillines avec en tête l'amoxicilline (38 % en ville, 18 % en ES) et l'association amoxicilline/acide clavulanique (24 % en ville, 34 % en ES). La consommation de cette classe s'est nettement accrue en ville depuis 2005 (+ 31 %), ce qui contribue à la hausse de la consommation globale d'antibiotiques en ville, en dépit de la diminution générale d'utilisation de toutes les autres classes.

Côté résistances, la dernière décennie a vu régulièrement grandir le pourcentage d'E.coli résistants aux céphalosporines de 3e génération. En revanche, la proportion de Staphylococcus aureus résistants à la méticilline est restée stable en ville alors qu'elle a diminué dans les établissements de santé. Les résistances globales du pneumocoque (pénicilline et macrolides) sont quant à elles en nette baisse. Mais le plus inquiétant concerne l'émergence de bactéries hautement résistantes aux antibiotiques (telles que les entérobactéries productrices de carbapénémases), dont les épisodes sont en nette hausse depuis 2011 et qui mènent à des impasses thérapeutiques.

 

Les conséquences de l'antibiorésistance impactant à la fois la santé humaine, la santé animale et l'environnement, un programme interministériel*** pour la maîtrise de l'antibiorésistance vient d'être lancé. Celui-ci vise à "diminuer la consommation d'antibiotiques de 25 % d'ici 2018 et à réduire les conséquences sanitaires et environnementales de l'antibiorésistance". Il prévoit notamment de :

  • communiquer auprès du grand public et des professionnels de santé afin de les sensibiliser à la prévention de l’antibiorésistance ;
  • améliorer la formation des professionnels de santé au bon usage des antibiotiques ;
  • développer la recherche et l'innovation en matière de maîtrise de l'antibiorésistance ;
  • renforcer la mesure et la surveillance de l'antibiorésistance.

 

 

*ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
**Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
***Ministère chargé de la Santé, ministère chargé de  l'Environnement, ministère chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et ministère en charge de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.